Les soldats du débarquement sont à l'honneur cette année, et en particulier en France. A l'époque, à l'annonce du débarquement, les résistants français, à bout de force morale et de munitions, ont accueilli cette bonne nouvelle avec un tel soulagement dans les maquis.
Mon père, "Jack", ancien employé du Trois-Fontaines Ammunition Depot (à la croisée de la Marne, Meuse et Haute-Marne) comme beaucoup d'autres, était à 18 ans une des recrues des Forces Françaises de l'Intérieur. Basé au maquis Montcalm, maquis de Mussy Grancey (Aube) en juin-août 44, il a dû repartir vers sa famille car sans nouvelle d'elle. Ironie du sort, alors qu'il risquait sa vie et attendait avec impatience la venue des Américains, sa mère a été tuée fin août 44 par le tir d'un char US, attiré par des tranchées dans les champs d'un village haut-marnais. Il s'agissait de civils qui s'y étaient réfugiés et non des soldats allemands. Cependant, sa mort n'a pas été en vain car ma grand-mère a sauvé indirectement son fils. La compagnie de mon père a été dévastée, décimée, poursuivie par la Gestapo.
Quelques années plus tard, pour un juste retour des choses, "Jack" L. Chief Area III (le dépôt de TF était divisé en 3 secteurs) avait rejoint les troupes américaines de l'Otan. A la fin de sa carrière, il était responsable du chargement et déchargement des munitions, du ravitaillement des "buildings" de rénovation.
"Jack" L., fin années 50.
Pour l'anecdote, les employés de TFAD ont chargés 3 semi-remorques pour le tournage du film Le Jour le plus long. Ils ont dû tout retrier à leur retour car utilisées ou pas, les munitions étaient mélangées.
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Diplôme remis aux employés pour leurs bons et loyaux services dans les années 60.
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Références :
1944 le temps des massacres : Les Crimes de la Gestapo et de la 51e Brigade SS de Roger Bruge, A. Michel, 1994.
Les Bases américaines en France (1950-1967) d'Olivier Pottier, L'Harmattan, 2003.