"It was not Death, for I stood up,
And all the Dead, lie down -
It was not Night, for all the Bells
Put out the Tongues, for Noon.
It was not Frost, for on my Flesh
I felt Siroccos- crawl-
Not Fire - For just my Marble feet
Could keep a Chancel, cool -"
[...]
1891 1ère publication pour "It was not Death, for I stood up"
Emily Dickson (née en 1830 et décédée en 1886), poétesse du 19e siècle, est considérée aujourd'hui comme l'un des plus grands poètes américains mais comme beaucoup, elle ne connut la gloire qu'après sa mort.
Elle a vécu quasiment toute sa vie en Nouvelle-Angleterre, dans le Massachusetts, à Amherst, au sein d'une communauté puritaine. Elle vivait isolée, en recluse dans la maison familiale de ses parents. Elle a écrit une oeuvre intime composée de 1775 poèmes dont 5 furent seulement publiés de son vivant et anonymement. Ses courts écrits n'étaient pas destinés à être rendus publics. Ce journal intime est le fruit des réflexions et introspections de son auteur face à ses émotions qui la submergent et la transportent dans un monde parfois irréel.
Le contenu des poèmes contraste avec sa vie "monacale". E. Dickson était une femme effacée, retirée du monde, et n'a vécu finalement que peu de choses dans la réalité. Elle a su au sein de ses poèmes vivre ce qu'elle s'interdisait. Elle a crée un espace temps où tout lui était permis ou presque, où elle se sentait libre et à l'abri du monde réel qui lui faisait peur.
Tourmentée, angoissée, dépressive, elle cherchait à comprendre ses émotions en les disséquant jusqu'à l'extrême. Fragile, sa pulsion de mort pouvait se révéler forte et terriblement présente dans le choix de ses sujets d'introspection.
L'oeuvre contient beaucoup de poèmes sur la mort, thème récurrent et fascinant pour les auteurs du 19ème siècle, notammment dans "I Felt a Funeral, in my Brain", "Because I could not stop for Death", "I heard a Fly buzz - when I died", "It was not Death, for I stood up" ... E. Dickinson y aborde le passage entre la vie, la mort du corps et l'Au-Delà. Ses poèmes reposent une économie de mots (ils sont très courts et tous les mots sont "pesés") et sur des contrastes : les bruit liés à l'environnement et aux funérailles se heurtent au repos, au vide laissé par le défunt.
Dans ses poèmes, l'auteur relate différentes situations métaphysiques, spirituelles, surnaturelles. Dans ces expériences transcendentales, le lecteur, comme l'auteur, se retrouve à la limite de 2 mondes. On est à la fois spectateur et acteur. Le côté morbide terrestre est effacé par l'espoir d'une vie après la mort, avec une idée d'éternité et d'immortalité.
"Mes bouquets sont pour des yeux Captifs -
Incertains - et attendant depuis longtemps -
Les Doigts refusent de cueillir,
Patientent jusqu'au Paradis -
Pour eux -s'ils doivent chuchoter
Du matin et de la terre -
Ils ne portent aucun autre message,
Et moi, aucune autre prière"