Loup

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lundi 13 septembre 2010

La forêt domaniale de Trois-Fontaines au carrefour de la Haute-Marne, la Marne et la Meuse

Promenons-nous dans les bois ... (photos M. Leriche)
En Champagne-Ardenne, forêts privées et publiques représentent 26% de la surface totale de la région (= 660 000 ha). La région est la 4e région forestière de France.

La forêt domaniale de Trois-Fontaines représente plus de 7000 hectares de forêt sur 5 communes, fréquentés par de nombreux randonneurs, à pied ou à vélo, et joggeurs.

Une richesse arboricole

Vaste massif forestier possédant des chênes, hêtres, charmes, érables, cormiers, sapins, noisetiers …, il abrite également des végétaux de falaises et des gouffres importants, une vingtaine, datés probablement d’une soixantaine de millions d’années, provoqués par le ruissellement des eaux dans un calcaire tendre. Les promeneurs y cueillent des fleurs (jonquilles, muguet ...), et champignons (girolles, trompettes de la mort ...).

(photos M. Leriche)

Trois-Fontaines l'abbaye (51)

Vue générale du village (photo M. Leriche)
Petit historique

Trois-Fontaines-l’Abbaye est située dans l’arrondissement de Vitry-le-François, dans le Canton de Thiéblement-Farémont (Communauté de Communes Saulx et Bruxenelle). Elle est la troisième commune du département de la Marne par la surface forestière.

Le village de Trois-Fontaines possède une abbaye qui est la première fondation champenoise de Clairvaux.
Guillaume de Champeaux, seigneur indépendant et évêque de Châlons-en-Champagne, souhaita fonder une abbaye cistercienne. Hugues de Vitry lui donna un terrain dans la forêt de Luiz. A ce don princier, s’ajoutèrent d’autres propriétés des abbés de Saint-Pierre-de-Châlons, de Cluny, de Saint-Oyen, des chanoines de Compiègne.

Le 10 octobre 1118, à 28 ans, St Bernard, jeune moine, envoie 12 moines de Clairvaux. Ils durent s’installer dans un véritable marécage dû au débordement de la Bruxenelle, un petit cours d’eau formé par 3 sources.

Leur rôle fut alors d’assécher et d’assainir le lieu. Ils créèrent une digue en avant de l’abbaye, un moulin, 6 étangs en amont du grand étang de l’abbaye.

La principale activité des Cisterciens était de produire de superbes moissons, et d’adoucir la brutalité des mœurs de l’époque. Ils furent parmi les premiers à utiliser l’industrie en exploitant des minerais de Wassy dans un haut-fourneau. Ils devinrent prospères malgré la Guerre de Cent ans et celles du XVIe siècle, et les impositions pesant sur leur communauté.
L’abbaye a fondé plusieurs « filles » abbayes en France, Croatie et en Hongrie.

Au XVe siècle, l’ordre est perçu comme rude et les vocations diminuèrent. Au XVIe siècle, l’abbaye vit sa population monacale en baisse mais ses revenus en hausse, ce qui attira bien des convoitises. En 1536, elle fut soumise au régime de la Commende avec des abbés séculiers nommés par le roi.

Les ruines visibles au sein de la propriété (photo M. Leriche)

Une propriété privée
L’abbaye fut reconstruite en 1741 par le Cardinal de Tencin, l’entrée de la propriété est donc datée de la même période. Elle possède 4 grands pilastres aux chapiteaux corinthiens. On note l’existence de 2 niches qui contenaient autrefois les statues de St Louis et St Hubert.Une terrasse la surplombe. La balustrade est ornée de 8 grands vases où sortent des gerbes de fleurs.

L'entrée de la propriété (photo M. Leriche)
Du XIIe siècle, il ne reste que les ruines de l’église abbatiale.

La façade est restée simple mais l’intérieur de l’église a subi des modifications au XVIIIe siècle. Le monument a été reconstruit et embelli. Des ornements d’oves, de rosettes, de volutes, terminées par des grappes de fleurs, de perles ont été rajoutés aux doubleaux, ogives, et grandes arcades.

L’abbaye, comme le château du XVIIe siècle à proximité, est un site entièrement classé « monument historique de France » (ruines de l’abbatiale du XIIe s avec son ensemble de chapiteaux datés du XVIIIe siècle, et un calvaire de 1511, marquant l’emplacement du vieux cimetière des moines).


Pendant la Révolution, les biens des communautés religieuses ont été confisqués, parmi lesquels, de nombreux ouvrages. Le 28 juin 1944, la bibliothèque municipale de Vitry-le-François a été détruite (ville sinistrée à 90 %), et les collections aussi, notamment celles provenant de l’abbaye de Trois-Fontaines et Cheminon.

Le parc de 3 hectares possède des arbres aux essences multiples et peu communes de la région, 3 fontaines, un plan d’eau, des statues …

Une des nombreuse statues (photo M. Leriche)


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Le parc et son bassin (photos M. Leriche)

Cette propriété est gérée par une association depuis 1965, l’Association des amis de l’Abbaye de Trois-Fontaines. A la Révolution, ces lieux de cultes sont devenus des propriétés privées. Elle a pour but de sauvegarder, entretenir, restaurer et animer les lieux.

Des restaurations ont été effectuées par les Beaux-arts (mise hors d’eau de l’abbatiale, des 2 ailes du château, réfection complète de la galerie).
Statue (photo M. Leriche)

dimanche 12 septembre 2010

La vie au camp de l'O. T. A. N. de Trois-Fontaines dans les années 1950-1960

Souvenirs

A Vassincourt au début de l'ouverture du camp ...


Le Barber-shop de Vassincourt entre juillet 1952 et
avril 1954




Mon père (à gauche), Jacques L. dit "Jack".
Voir aussi le site de M. Ronald RICKS, ancien militaire en garnison à Vassincourt dans les années 60, sur l'histoire du camp de Vassincourt : http://www.catkillers.org/97thEngr/
Les photographies présentées ici sont visibles dans "photographs" sur l'interface, page 14. Merci à lui.
 
Dans la forêt de Trois-Fontaines, de l'eau s'il vous plaît,
merci la citerne !
 "Dédé la citerne" à votre service !
Mon grand-père, André L.

Des employés français

Les salariés français dépendaient de l’Intendance française.

En 1954, 42 % des salariés français sont des manœuvres, 37 % sont des employés et 21 % des ouvriers qualifiés. Domaines : blanchisserie, cuisine, manutention, stockage, petite réparation, conduite et entretien des véhicules, sécurité, secrétariat. Beaucoup avaient atteint la moyenne d’âge de 40 ans.

Leur statut était proche du privé (pas de garantie de l’emploi) et ils étaient soumis aux règles particulières de la Défense Nationale. Lors de l’embauche à certains postes, une enquête de sécurité avait lieu sur le postulant.

La coopération entre Français et Américains n’était pas évidente, difficultés de compréhension et erreurs de traduction sont vite apparues. Des cours de langue pour adultes ont dû être mis en place des 2 côtés.

Les civils français travaillaient donc directement avec les soldats américains. Afin de fidéliser les employés français et leur permettre d’effectuer une véritable carrière au sein des camps, des remises de diplômes ont lieu lors de cérémonies afin de récompenser 5, 10 ans de service …

En 1957, on comptait 30800 employés. En 1966, suite aux tensions entre les 2 pays et à des restrictions budgétaires, ils n’étaient plus que 18000.

Ces emplois locaux ont permis de réduire le chômage et de relancer la consommation. Cependant, certaines villes se sont montrées trop dépendantes de cette manne et ont décliné. Lors de la fermeture des bases, les problèmes de chômage sont réapparus.

Remise de diplômes au dépôt de munitions de Trois-Fontaines (Marne) en 1964

Doucle-clic pour agrandir.
Mon père est le 3e à gauche au 1er rang (en costume et cravate).
Comme d'autres, mon père, sans certificat d'études (sorti de l'école à 14 ans car 2nde guerre mondiale), après plusieurs formations, dont sur les munitions, des cours d'anglais pour être bilingue, est devenu cadre, la quarantaine passée.

Un dépôt de munitions en pleine forêt

Le plus vaste dépôt de munitions de l’armée américaine
en France


TFAD : Trois-Fontaines Ammunitions Depot


Carte du camp américain de l'OTAN. Double-clic pour agrandir.

Situé dans une forêt qui s’étend sur 5 communes et 7500 ha (dont 3326 ha pour la Marne), il était composé de 2 camps : un à Trois-Fontaines et un à Vassincourt (un hôpital de campagne et un chenil).
La dissolution de cet ensemble date du 30/11/66.

Le TFAD comprenait plus de 7000 hectares de forêt, 101 routes, + de 3000 stacks baraquements en fer et fibrociment préfabriqués parmi lesquels des entrepôts de munitions, des logements pour soldats, un mess, des sanitaires, des postes de garde, …).

Le but était de permettre aux forces américaines de l’Est de disposer de munitions suffisantes (obus de mortier, projectiles de gros calibre de type 355 marine) en cas d’agression militaire des forces du pacte de Varsovie.

Les civils français étaient dirigés par l’Intendance militaire de Châlons-sur-Marne. Le camp était surveillé par des soldats polonais (et des chiens) habitant Vassincourt, des gardes mobiles de Revigny, les gendarmes de Robert-Espagne, des Military Police (MP) et autres agents français. Les employés avaient en charge le maniement, la conservation et l’acheminement de nombreuses dangereuses munitions comme des gargousses de poudre, des obus de phosphore, des mines anti-char et anti-personnelles, des grenades.

Des vols de munitions ont été constatés en 1956 pendant la Guerre d’Algérie, des obus, de gros calibres, mais sans détonateurs, une douzaine de tonnes, ont été volés. L’enquête n’a pas permis de faire la lumière sur cet épisode. Aucun réel trafic ou complot n’a été révélé.

Ces mêmes munitions ont aussi été envoyées pour les besoins du tournage du film "Le jour le plus long".

Aujourd’hui, il ne reste que quelques ruines envahies par les ronces, dont des postes de garde, au regard des promeneurs mais il faut savoir que la forêt abritait une véritable ville, plusieurs bâtiments notamment pour les loisirs :
-salle de sport-bowling
-magasin de vivres
-théâtre et salle de cinéma
-bibliothèque
-salles de classe
-salon de coiffure …